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27/09/2022

Mauvais daron, de Philippe Hauret

Mauvais-Daron.jpgUne chronique de Cassiopée

Mauvais daron ? Vous ouvrez, vous commencez, vous n’arrêtez plus, vous lisez, vous souriez et vous en redemandez ! C’est quand le prochain ?

Ce qui est tout à fait jubilatoire dans ce livre, c’est que la morale est écorchée, les hommes qu’on croise ne sont pas des saints, et pourtant, on s’attache à eux et on n’a pas envie qu’il leur arrive quelque chose. Bizarre, non ? L’auteur réussit à nous faire aimer des malfrats ! Bon, d’accord, ce sont des gangsters à la petite semaine, pas trop d’expérience, pas vraiment dangereux mais quand même…ils volent, ils trafiquent, et ce n’est pas normal. Et le juge, parlons du juge, il a une idée bien à lui des peines à donner, comme si, à chaque affaire, il était la victime … mais peut-être que tout ça peut s’expliquer …

D’abord, il y a les deux retraités, Daniel et René. Veufs, ils vivent ensemble et rêvent de partir en camping-car. Mais tout le monde le sait, les retraites ça n’augmente pas et la vie est chère et un van ce n’est pas donné. Alors, ils se décident pour un cambriolage suivi d’autres si ça fonctionne. À leur âge, ils ont les articulations un peu raides et ne sont pas très chevronnés dans ce domaine. Forcément, ils risquent de rencontrer quelques soucis pour écouler la marchandise. C’est là qu’ils demandent de l’aide à deux petits jeunes qu’ils connaissent. Ils sont un peu zonards, pas très courageux, pour ne pas dire carrément paresseux. Mais bon, un prêté pour un rendu et hop, c’est emballé enfin pas vraiment….

On pourrait imaginer une histoire ordinaire de traques, de courses poursuites, bref un grand jeu de gendarmes et de voleurs. Mais il n’en est rien et vraiment, ce récit vaut le détour !

L’écriture de Philippe Hauret est emplie d’humour, de dérision, de ces petites réflexions qui vous mettent de bonne humeur même face à un sujet grave.

« Entre nous, ces histoires de paradis, je n’y crois pas trop. Et puis, imagine que la mort soit aussi décevante que la vie ? Sauf que là t’en prends pour l’éternité ! »

Il a l’art de choisir les bons mots pour vous camper une situation, par exemple quand certains sont mal à l’aise au bord d’un toit …. Vous avez l’impression de les voir, tremblotant, hésitant à sauter.

Le phrasé, le style apportent du bonheur mais l’auteur aborde malgré tout des sujets graves : la précarité pour certains malgré leurs efforts pour s’en sortir, le mépris de ceux qui s’imaginent être les plus forts, le poids du passé douloureux, marquant à vie les êtres humains, l’amitié, l’amour, les liens familiaux. Il a l’intelligence d’intégrer ces thématiques, l’air de rien, à son récit. Comme des piqures de rappel pour qu’on n’oublie pas le bonheur d’avoir un toit, de quoi manger, du chauffage et d’être aimé.

Les personnages sont hauts en couleurs. La plupart, malgré leurs défauts et leurs méfaits, ont une part d’humanité, ne sont pas complétement « pourris » et ça m’a bien plu. Finalement, ils portent en eux une forme de fragilité qui les rend humains. On oscille entre le bien et le mal, la limite n’est pas très nette. Après tout, quand on galère, on a le droit de tout essayer pour s’en sortir, non ?

Je me suis régalée avec ce roman !

Éditions : Jigal (15 Septembre 2022)
ISBN : 978-2377221738
226 pages

Quatrième de couverture

Daniel et René, deux retraités au caractère bien trempé, qui, depuis la mort de leur femme, vivent ensemble dans une petite maison au bord de l’Yvette, ne rêvent que d’une chose : s’offrir un camping-car et tailler la route ensemble. Pour financer leur projet ils décident de se lancer, à bord de leur antique Peugeot 404, dans le cambriolage d’une riche propriété. Mais à leur âge, ça relève évidemment de la haute voltige… Léni, lui, vivote avec son pote Eusèbe, cumulant embrouilles et petits boulots. Mais quand Daniel leur propose de l’aider à refourguer les bijoux volés, le temps va se gâter pour tout le monde.

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