02/06/2011
Le premier crâne, de Nicolas Sker
Une chronique de Bruno
Au début il a d’abord pensé à un problème technique. Le genre de poisse qui vous tombe dessus au plus mauvais moment, quand justement il doit trouver une solution pour pérenniser le financement de son laboratoire d’archéologie aujourd’hui remis en cause.
La machine s’est sans doute détraquée à un moment donné pour donner des résultats aussi aberrants. Alors on relance l’analyse. Mais les faits sont têtus et les résultats s’acharnent à se graver dans son esprit. Point de machine en rade, mais ce qu’elle vient de lui recracher est tout bonnement ahurissant et inconcevable !
Quand il tourne la tête vers ce crâne que son ex femme lui a envoyé depuis un chantier de fouilles en Angleterre afin qu’il effectue pour elle une datation au Carbonne 14, Marcus Sambre prend progressivement la mesure de la bombe scientifique qu’il vient de mettre à jour et qui risque de changer l’ordre des choses du monde dans lequel il vit. Car celle-ci remet en cause les fondements même de toute l’humanité !
Soyons clair, si vous aimez les romans qui se sirotent tranquillement, qui vous bercent doucement vers l’issue finale aussi sûrement qu’un glaçon fondant dans le verre d’un auteur scandinave, ce roman n’est pas fait pour vous ! Car celui-ci est plutôt du genre à vous être servi bien frappé !
Des chapitres courts, une prédominance faite aux dialogues au détriment du descriptif, impriment un rythme effréné au roman qui capture le lecteur dans un tourbillon de situations pleines d’actions et de rebondissements. Courses poursuites, guet-apens, meurtres, énigmes agrémentent de la première à la dernière page ce roman fougueux et impétueux. Car ce crâne, qui a d’autres qualités que celle d’être d’un temps que l’Homme n’a pas connu, suscite la convoitise de bien des organisations aussi secrètes que dangereuses, et qui sont prêtes à tout pour s’en emparer !
Immanquablement certains évoquerons Da Brown et son « Da Vinci Code », d’autre encore iront jusqu’à penser aux aventures d’Indiana Jones au cinéma. Mais s’il emprunte au premier le sens de l’intrigue et au second celui de l’action, Nicolas SKER donne par son style épuré, la fluidité de son scénario et le tempo qu’il insuffle à celui-ci, une tonalité qui lui est propre et qui fait de ce premier livre, un roman qui n’a pas à souffrir de la comparaison avec ce qui se fait de mieux dans le thriller ésotérique.
Pour autant, ce roman n’est pas sans quelques reproches. Comme je l’ai souligné, le rythme est particulièrement rapide, trop peut être, car il est constant. A aucun moment la tension ne se relâche, le rythme ne ralentit. On comprend que Nicolas SKER a voulu privilégier l’action, mais ceci se fait me semble t-il au détriment de la construction psychologique de ses personnages qui auraient mérité une attention un peu plus approfondie tant ils nous apparaissent un peu superficiels.
De même les énigmes qui se succèdent se résolvent de manière un peu trop évidente pour le personnage principal et sa complice journaliste qui l’accompagne dans cette aventure.
Des petites faiblesses donc, mais qui n’entament pas les qualités de ce premier roman qui se lit facilement et dans lequel on prend un certain plaisir. Car il s’agit d’un premier roman, et la remarque à son importance !
Je disais dans mon précédent billet que la jeune génération montante du polar français n’avait pas froid aux yeux. Nicolas SKER est de ceux là. Je dirai même, en ce qui le concerne, qu’il ne manque pas d’un certain culot pour s’attaquer dès son premier roman à une histoire qui embrasse le monde et l’histoire de l’humanité. Un thème, un sujet particulièrement périlleux dans lequel on peut très vite tomber dans l’anachronisme ou l’incohérence scénaristique.
A ce niveau là Nicolas SKER s’en sort fort bien, non sans une certaine adresse d’ailleurs, sans doute grâce l’énorme travail de recherche qu’il a entrepris avant l’écriture de son roman. Un talent certain au service d’une imagination prolifique qui devrait permettre à Nicolas SKER de creuser son sillon dans le paysage du thriller français.
Pour être honnête, Je n’ai pas pour habitude de lire ce genre de livre. En la matière Dan Brown avait eu sur moi un effet répulsif et vaccinatoire !
C’est le hasard qui m’a conduit à ce roman, car je n’avais initialement pas prévu de l’acheter.
Annoncé dans un de mes billets consacrés aux nouveautés à paraître, la quatrième de couverture en avait été modifiée entre temps et c’est Nicolas SKER en personne qui m’a contacté pour me donner les bonnes informations. De là s’en sont suivis quelques échanges fort sympathiques et pleins d’humour. Le courant est donc passé entre nous et je me suis finalement décidé à acheter et lire ce roman. Avant d’être une aventure littéraire, « Le premier crâne » est donc d’abord pour moi, une rencontre avec un auteur d'une grande gentillesse.
Si je sais que je continuerai à ne pas lire de Dan Brown, il y a de forte chance par contre pour que je me laisse embarquer par la prochaine aventure que Nicolas SKER me proposera.
Le blog de Bruno : http://passion-polar.over-blog.com/
Le premier crâne
Nicolas Sker
Michel Lafon
17,50 €
Présentation de l'éditeur
Directeur d'un laboratoire d archéologie, Marcus Sambre aime les certitudes. Mais le jour où son ex-femme lui envoie un crâne retrouvé sur un chantier de fouilles en Angleterre, son univers bascule : la datation de l ossement remet en cause toute l histoire de l humanité...
Aidé de la journaliste Evannah Poleska, Marcus se lance dans une quête obstinée pour percer un mystère où science, art et religion se côtoient dans un vertigineux engrenage.
Du Centre d énergie atomique de Saclay au Golgotha à Jérusalem, talonné par des individus prêts à tuer, ce couple détonant devra repousser les limites de la raison pour affronter un secret qui pourrait se révéler bien plus redoutable que les hommes qui le traquent sans merci.
17:26 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |