07/05/2012
Jusqu'au dernier, de Deon Meyer
Une chronique de Cassiopée.
Nom : Joubert
Prénom : Marcus
Surnom : Mat
Profession : Inspecteur de Police, a reçu un avertissement donc « à surveiller »
Poids : 15 kilos de trop
Caractéristique principale : déprime en permanence depuis le décès de son épouse.
Défauts : fume, boit, ne prend pas soin de lui.
Situation familiale : veuf (sans enfant) depuis plus de deux ans, n’arrive plus à avancer, se noie dans sa tristesse, ne sait pas à quoi se raccrocher pour tenir…
Qualités : aime les livres rares, a été excellent nageur, attachant parce que très humain.
Déclic : un nouveau patron : Bart de Wit.
Le chef qui vient d’arriver:
On ne sait pas trop si sa nomination est due à ses qualités mais il est là et il faut faire avec…
Il vient « secouer le cocotier », que ce soit Mat, ou son ami Benny Griesel (qui lui boit beaucoup trop et dont les cures sont des échecs) en priorité et le reste de l’équipe aussi.
Régime, rencontres avec un psychologue, sport, pas de tabac, « un esprit sain dans un corps sain » sont les solutions proposées (imposées ?) par le nouvel arrivant de la brigade pour « redorer » le blason du groupe et améliorer l’image de marque.
Deux directions possibles:
Soit Mat continue, inexorablement, de s’enfoncer.
Soit il tape du pied au fond de la piscine, remonte, nage et décide de réagir.
Le grand patron lui confie deux enquêtes, comme une dernière bouée (restons dans l’eau ;-) à saisir afin de rester à la surface….
C’est peut-être ce qui m’a le plus étonnée dans le livre, Mat décide très vite de se « bouger ».
Bon, d’accord, s’il n’avait pas répondu présent, il n’y avait pas d’histoire ou alors pas avec lui….
Je pense aussi que parfois, faire un choix rapidement, en évitant de réfléchir, évite à la personne de s’appesantir, donc cela peut expliquer que Mat, du jour au lendemain, se prend en mains, nage, pèse sa viande et ses légumes, essaie d’oublier ses cigarettes….
« Quelque part aux abords du sommeil il comprit que la vie voulait revenir. Mais il passa de l’autre côté avant que la peur puisse le vaincre. »
Mat s’est pris en mains et de ce fait il m’a pris par la main, par le cœur.
Cet homme blessé, ravagé par le chagrin, loin du beau gosse, musclé, tatoué parfois, bien propre sur lui, m’a séduite (pourtant je déteste les bedonnants ;-)
J’ai lu avec intérêt son approche des faits, participé à ses états d’âme, j’avais le souhait de l’aider à lutter, de lui redonner le sourire, je voulais profondément qu’il s’en sorte.
Dans ce livre, Deon Meyer nous offre un regard sur l’Afrique du Sud, il ne s’arrête que de temps à autre sur les clivages entre les blancs et les noirs mais il le fait avec clairvoyance. Son propos n’a pas pour but de nous donner un éclairage sur les tensions, mais on assiste avec lui à l’évolution de cette nation en pleine mutation.
Le personnage principal, ses émotions, ses interrogations, ses troubles, son mal-être font part égale avec l’enquête et son avancement. Les deux sont parfaitement, intelligemment, imbriqués et apportent du « caractère » au récit.
Les autres personnes croisées dans le roman ont-elles aussi, des façons d’être bien à elles. On les apprivoise, on cherche à mieux les cerner et ainsi on avance dans la connaissance avec Mat.
Mat aime son travail lorsqu’on lui laisse un peu de liberté. Trop de discipline lui pèse, il préfère parfois suivre son instinct.
« Chaque affaire était une espèce de montagne qu’il fallait gravir. Parfois les prises pour les mains et les pieds étaient faciles et monter jusqu’au sommet ne présentait aucune difficulté : preuves, mobiles, s’emboîtent ……. Parfois les parois étaient lisses et glissantes ….. Alors on montait et dérapait, remontait et dérapait à nouveau, sans résultat…. »
Il tâtonne, il réfléchit, il extrapole, il envisage encore et encore les différentes possibilités, il explore tout ce qu’il peut sans rien lâcher quitte à retomber plus bas pour repartir…
Sur la fin le rythme s’accélère, l’histoire vous prend de plus en plus aux « tripes » et vous n’avez qu’un souhait : comprendre ….
Pour conclure, une mention particulière au traducteur qui n’a pas fait de faute de goût et a parfaitement su se mettre dans la peau de Deon Meyer pour trouver un vocabulaire adapté aux différentes situations.
Cassiopée
Titre : Jusqu’au dernier
Auteur : Deon Meyer
Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Robert Pépin
Éditions : Points (Février 2003)
Collection : Policier
Nombre de pages : 460
Présentation de l’éditeur :
Depuis la mort de sa femme, l'inspecteur Mat Joubert, de la brigade de Vols et Homicides du Cap, ne s'intéresse plus à rien. Jusqu'à l'arrivée de son nouveau chef, le lieutenant Bart de Wit, formé à Scotland Yard, qui l'oblige à cesser de fumer, à maigrir et à consulter une psychologue, bref à se respecter et à travailler mieux sur deux enquêtes importantes.
La première concerne une certain "Monsieur Mon Cœur" qui détrousse une à une les succursales de la banque Premier. La deuxième a pour objet des meurtres perpétrés à l'aide d'un Tokarev, arme dont se servaient les guérillas marxistes de l'Angola, ou d'un Mauser, tout droit sorti de la guerre des Boers.
Meurtres politiques, crapuleux, voire mafieux, personne n'a de piste sérieuse et les crimes et les hold-up continuent... Y aurait-il un lien entre eux ?
03:27 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |