21/08/2012
La lionne blanche, de Henning Mankell
Une chronique de Pierre
On connaît la passion de Mankell pour l’Afrique, cette passion qui l’a conduit à passer la moitié de sa vie sur ce continent (un pied dans la neige, un pied dans la sable). On suppose que la tentation devait être, pour lui être grande d’établir un pont entre la Suède et l’Afrique. Le résultat en est un roman prenant, haletant qui marque la véritable entrée de Mankell sur « le marché » français du polar.
L’histoire
Tandis que Kurt Wallander et son équipe enquêtent sur la disparition d’une jeune femme agent immobilier les événements inhabituels se produisent sur les lieux présumés de la disparition. D’abord c’est une ferme qui explose sans raison apparente, sur place les enquêteurs découvrent les restes d’un matériel radio perfectionné et une arme de fabrication sud-africaine ; puis le doigt tranché d’un homme noir est trouvé sur les lieux du sinistre. Enfin le corps de la disparue est retrouvé, abattue d’une balle dans la tête. Wallander cherche le lien entre ces différents éléments mais il est encore loin de se douter qu’il va mettre le doigt sur un complot visant à faire échouer la réconciliation ethnique et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud.
La grande originalité de ce “nouvel” opus tient surtout dans l’imbrication entre l’enquête en Suède et les événements en Afrique du Sud, de nouveau l’histoire et l’Histoire se donnent rendez-vous même si tout ça semble quelque peu dépasser Wallander. Une fois de plus d’ailleurs notre brave commissaire n’hésite pas à payer de sa personne et à s’écarter du cadre strictement professionnel pour mener à bien son enquête, il faut dire aussi que cette fois son adversaire le menace lui et les siens directement.
Ce que j’en pense
La connaissance que Mankell a de l'Afrique et l'actualité de l'époque (entre la légalisation de l'ANC de 1990 et la tenue des premières élections multi-raciales en 1994) conditionnèrent certainement le thème de cette Lionne Blanche. Le groupe Résistance boer dont le Comité serait l'émanation secrète fait référence à l'AWB, le parti fasciste créé au début des années 1970 par Eugène Terreblanche, très actif à cette période. Mankell nous apporte donc un témoignage à chaud sur la situation en Afrique du Sud, à un moment important de son histoire (si l'on parlait suédois car la traduction française ne date que de 2004). Certains critiques de La Lionne blanche ont contesté la vision très "angélique" que Mankell donnait de Frederik de Klerk mais je crois que le choix très manichéen effectué par l'auteur peut se justifier pour des questions d'efficacité narrative. Après tout, on espère que les gens qui ont découvert le contexte du roman ne se sont pas contentés de celui-ci et qu'ils ont éventuellement consulté d'autres ouvrages, historiquement plus pertinents.
Le volet suédois du livre est trépidant, macabre, violent et prenant, une fois accepté que le destin de l'Afrique du Sud peut se décider dans la campagne scanienne. Ce que je trouve intéressant, c'est le basculement de Wallander qui clôt La lionne blanche et la position très ambiguë de Mankell sur la violence. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans des critiques ici et là, il ne s'agit pas de légitime défense mais bien d'une vendetta entre Wallander et Konovalenko, les autres policiers en étant expressément écartés par leur chef. Ce qui va se passer n'est pas seulement la mort d'un tueur sans scrupules, c'est son exécution (la mort volontairement donnée, pour des raisons personnelles et passionnelles), par quelqu'un dont le rôle est justement de lutter contre toute justice privée.
Pierre Mazet http://www.pierre-mazet.com/
Présentation de l’éditeur
Avril 1992. En Scanie, Louise Åkerblom, jeune mère de famille et agente immobilière vient de conclure une affaire. Il fait beau. C'est vendredi. Elle a acheté des gâteaux pour le dîner familial. Elle prend sa voiture pour visiter une dernière maison et se retrouve sur un chemin qu'elle n'aurait jamais dû emprunter : un homme l'abat froidement d'une balle en plein front. Peu auparavant, en Afrique du Sud, dans la province du Transkei, le tueur professionnel Victor Mabasha, qui croupit dans un bidonville, se voit confier une mission inespérée. Ses commanditaires sont des Blancs, comme d’habitude. Mais cette fois, des Afrikaners haut placés, opérant au cœur des services secrets sud-africains. Sa cible, un homme politique de premier plan. Le Président Frederik De Klerk ? Il n'en sait pas plus.
Quelques jours plus tard, le corps de Louise est retrouvé au fond d'un puits, à Skurup, aux environs d'Ystad, par Wallander et son équipe qui enquêtaient déjà sur sa disparition. Mais le passé de la victime est désespérément sans histoire. Pas le moindre indice.
Quelques jours plus tard, une maison explose à Skurup. Des débris de radio sophistiquée, de revolver et le doigt sectionné d'un homme noir sont retrouvés dans les décombres.
Après avoir tourné en rond, l'enquête démarre véritablement. Y-a-t-il un lien entre l'explosion et le meurtre ?
16:06 Publié dans 03. polars nordiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |