08/03/2016
Les ombres de Katyn, de Philip Kerr
Une chronique de Bruno
Pour celles et ceux qui aiment les histoires avec de l'Histoire dedans.
[...] Il y a des fois où il est presque aussi triste d'être un homme que d’être un Allemand.
L'ombre du massacre de Katyn assombrit depuis des décennies l'histoire de notre Europe : en 1940, la police secrète soviétique (le NKVD) extermine plusieurs milliers d'officiers et d'intellectuels polonais dans la forêt près de Smolensk. Trois ans plus tard, la Wehrmacht progresse à son tour vers l'est et les nazis découvrent les charniers de Katyn.
Une aubaine pour leur propagande antisémite et anti-soviétique qui arrive au moment où ça commence à sentir le roussi, juste après Stalingrad.
Avec Nuremberg puis la guerre froide, l'ombre portée de cette propagande nazie amènera les alliés (britanniques et américains) à laisser dans le noir les responsabilités russes à Katyn pendant encore de nombreuses années.
Il faudra presque attendre les années 2000 pour voir enfin la vérité sortir timidement au grand jour.
Nous voici donc ravis de retrouver Philip Kerr [clic] qui va nous aider à éclaircir un peu Les ombres de Katyn.
« [...] C’était la première fois que j’entendais le nom de la forêt de Katyn.
[...] Un loup avait déterré des restes humains dans la forêt.
Embarquons dans un Junker pour Smolensk avec notre ami Bernie Gunther, qui est envoyé sur le front de l'est pour enquêter, après la découverte des premiers charniers : s'agit-il bien, comme on l'espère à Berlin, de crimes perpétrés par ces affreux Rouges ou bien de dommages collatéraux commis par des Sonderkommandos trop zélés ?
[...] — Que je ne commette pas d’erreur. Si cette fosse commune est remplie de Juifs, alors je dois l’oublier. Mais si elle est remplie d’officiers polonais, cela fera le bonheur du Bureau.
— Ce n’est pas une manière très élégante de résumer la chose. Mais oui, voilà exactement ce que nous attendons de vous, capitaine Gunther.
[...] Il y a au moins quatre mille officiers polonais enterrés dans la forêt de Katyn. Et, si la moitié de ce que le commandant Blokhine m’a dit dans son délire est vrai, Katyn n’est que la partie visible de l’iceberg.
[...] Lavrenti Beria est le nouveau chef du NKVD. C’est Beria qui a orchestré le massacre de tous ces pauvres officiers polonais. Avec l’approbation de Staline, naturellement.
[...] Depuis la guerre de 1920, il est presque aussi difficile d’être polonais sous les bolcheviks que juif sous les Allemands. »
Une sombre histoire qui prenait ses racines dans une guerre précédente et où le sinistre Beria fit ses premières armes.
Comme à son habitude Philip Kerr prend juste ce qu'il faut de libertés avec l'Histoire pour nous raconter une histoire et l'on retrouve l'ami Bernie aux prises avec ses compatriotes : Wehrmacht, nazis, SS, ...
On découvre même cette fois les compromissions de la noblesse prussienne avec le régime allemand, des von et des zu coincés entre l'appât du gain et du pouvoir et les complots répétés et malencontreux pour éliminer le Führer : bougrement intéressant.
Malheureusement le bouquin s'enlise à plusieurs reprises dans la boue des charniers de Katyn et à vouloir suivre plusieurs histoires, le lecteur peine un peu à maintenir son attention.
Bref, à réserver aux fans de la série et aux curieux des noirs événements de la sombre forêt de Katyn.
Bruno ( BRM) : les coups de Coeur de MAM et BMR
06:50 Publié dans 02. polars anglo-saxons | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lkatyn, philipp kerr | Facebook | |