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28/04/2019

Le jour de ma mort, de Jacques Expert

expert.jpgUne chronique de Cassiopée

Jacques Expert a l’art et la manière pour embarquer le lecteur dans ses histoires, le coincer dans un suspense anxiogène et une terreur exponentielle, insinuant en lui doutes et incertitudes. Il est très habile et ses récits sont hautement addictifs même lorsqu’ils sont, de temps à autre, un peu caricaturaux. On lui pardonne car ses intrigues sont captivantes et on ne lâche pas le roman une fois qu’on l’a commencé.

Charlotte est blonde, belle, elle vit avec son chat. Amoureuse de Jérôme, elle voudrait bien s’installer définitivement avec lui mais il fait traîner les choses. Ses copines le trouvent merveilleux mais on découvrira à travers les pensées de la jeune femme qu’il n’est pas toujours agréable. Il peut se montrer cassant, vexant, maniaque à l’extrême.

Ce week-end-là, il est en déplacement et Charlotte est seule dans un immeuble quelque peu déserté par les habitants pour diverses raisons. Et voilà un cauchemar-souvenir qui la réveille. Il y a trois ans, en vacances avec ses copines au Maroc, un voyant lui a prédit une mort violente le 28 Octobre. C’est aujourd’hui, là, tout de suite, maintenant et l’angoisse apparaît pour ne plus cesser. On va suivre Charlotte, ses peurs, ses tentatives pour se raisonner en fille solide et sensée puis la paranoïa qui revient au galop. D’ailleurs, est-ce du délire ou est-elle, réellement, traquée?

Parallèlement à cette journée difficile (c’est un euphémisme) pour Charlotte, nous découvrons des chapitres écrits à la première personne. C’est, semble-t-il, un assassin qui recherche des femmes blondes puis les tue. Il s’exprime à la première personne, prend le lecteur à témoin en faisant de lui son complice. Il explique ses raisons, son cheminement (c’est ce que j’ai trouvé un peu caricatural et un tantinet « déjà vu » par rapport à son enfance). Il se permet même de plaisanter et on ne peut rien faire, alors qu’on voudrait le dénoncer, le remettre à sa place. Le fait qu’il s’adresse à celui qui lit rajoute au malaise. C’est un peu comme si on acceptait ses exactions en ne disant rien. C’est très adroit de la part de l’auteur car on se retrouve coincé entre l’envie de lire et le dégoût que peut inspirer un tel individu. Et….bien entendu ….on continue de tourner les pages…..

Ce recueil nous rappelle combien un fait banal peut être sujet à tension lorsqu’on l’interprète mal parce qu’on est vulnérable. Une personne fatiguée, épuisée, qui se pose des questions, qui est anxieuse risque de voir tout en noir, effrayée par le moindre bruit ou le plus petit craquement. Son comportement sera alors tout à fait irrationnel et elle pourra faire n’importe quoi, sans réfléchir aux conséquences, incapable de penser de façon raisonnée. Cet état est particulièrement bien présenté par Jacques Expert. En quelques mots ciblés, il nous fait pénétrer au cœur de l’esprit des protagonistes et c’est sa grande force. Pas besoin de phrases alambiquées, de grandes descriptions. C’est court, percutant et on est au cœur de l’événement.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture, malgré le bémol que j’ai signalé. Il n’y a pas de temps mort, on veut sans cesse savoir comment la situation va évoluer. Bien sûr, Charlotte est agaçante, un peu naïve, j’aurais voulu la secouer, mais une immense inquiétude la submerge, qui plus est dans un immeuble presque vide, elle se sent abandonnée, elle n’arrive plus à se poser pour agir à bon escient….

Jacques Expert a un style vif, prenant, captivant et le temps passe vite lorsqu’on le lit !

 

Éditions : Sonatine (25 Avril 2019)
350 pages

Quatrième de couverture

Charlotte est une jolie jeune femme sans histoire. Elle a un travail qui lui plaît, un petit ami avec qui elle s'apprête à se marier, un chat. Elle se dit heureuse. Cependant, cette nuit d'un dimanche d'octobre, elle se réveille en sueur, tremblante de peur, à l'affut du moindre bruit. Elle est seule chez elle, il est minuit passé. On est le 28 octobre. Le jour de sa mort.

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