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01/05/2019

London Nocturne, de Cathi Unsworth (Without The Moon)

image.jpgUne chronique de Cassiopée

Ce livre est pour moi une réussite pour plusieurs raisons que je vais m’empresser de partager et d’expliquer le mieux possible.

J’ai pris beaucoup de plaisir à le lire (merci à la traductrice). La forme et le fond sont en adéquation avec les faits exposés, l’époque évoquée. Il n’y a pas de faux pas, tout se tient. On se promène dans Londres, en 1942. On entrevoit les petites frappes, les magouilles variées pour s’en sortir, les décisions prises, les difficultés quotidiennes, la vie des ouvriers, celle des plus riches et de ceux qui doivent lutter chaque jour. On visite les pensions de famille, les pubs, les clubs plus ou moins huppés, les familles. On respire l’odeur des cigarettes de contrebande, on sent le froid et l’humidité qui s’insinuent dans chaque pore de notre peau.

L’écriture est soignée, complète, de qualité. Evénements, personnages, atmosphère de cette période (la guerre, le couvre-feu et la vie qui continue malgré tout vaille que vaille), ambiance, relations entre les individus, tout est précis, ciblé, dosé à la perfection. On ne ressent aucune lassitude. On est au cœur de l’action, que ce soit la météo, les lieux, les personnes, on s’y croirait !

Inspirés de faits réels (les notes de l’auteur sur ses sources en fin de roman sont très intéressantes et l’aspect musical dont elle parle également), romancés juste ce qu’il faut. On voit que le travail de recherches mené par Cathi Unsworth a été minutieux, intelligent, et que chaque document a été exploité avec finesse, ne laissant aucune place au hasard. Comme tout est crédible, le mélange de réalité et fiction est vraiment bien mené !

Les protagonistes sont étoffées, représentatifs de leur état. La vie pendant la guerre n’était pas simple et chaque difficulté était multipliée par cinq ou dix. Ce roman nous présente diverses conditions de vie, les choix de chacun, par défaut parfois parce qu’il est difficile de faire autrement pour subsister. J’ai été frappée par la décision d’une jeune femme d’utiliser son corps car c’était le seul moyen d’avoir de quoi payer sa chambre…Quelle détresse ! Pourtant, on ne tombe pas dans une atmosphère à la Zola. Certains nous permettent d’espérer comme ce jeune garçon qui souhaite s’initier à la magie. Le caractère de l’inspecteur Greenaway qui mène l’enquête est présenté avec minutie par petites touches, on le sent de plus en plus présent, palpable et j’ai le souhait de le retrouver dans un prochain titre.

Enfin l’intrigue en elle-même est captivante car plausible, bien amenée et construite intelligemment. Elle donne envie d’aller plus loin, de comprendre le comportement des hommes qui commettent de telles exactions. Dans quel terreau s’ancrent les raisons sordides d’agir ainsi ? Pourquoi ? Quel plaisir peut-on avoir à donner la mort ? A jouir de la souffrance des autres ? De tout temps, des êtres-dits humains- ont profité de leur force, de circonstances troubles pour être le bourreau de ceux qui croisaient leur route, dans quel but ? Qu’est-ce qui les a amenés à agir ainsi ?

Avec un aspect psychologique qui complète l’évocation des faits, c’est donc un ensemble absolument équilibré qu’il nous est donné de découvrir par l’intermédiaire d’une plume agréable et fluide, avec ce qu’il faut de rebondissements pour maintenir l’attention, le rythme et l’intérêt.

Ce recueil m’a offert un voyage dans le temps et l’espace que j’ai beaucoup apprécié.

 

Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet
Éditions : Rivages Noir (1 er mai 2019)
385 pages

Quatrième de couverture

Londres, février 1942. La ville est sous le régime du couvre-feu. Au milieu des ruines et des bombardements, une vie nocturne continue dans les pubs, clubs etc. Des lieux où se presse une population avide d’échapper à la guerre. L’inspecteur Greenaway, connaît cette faune par cœur. Mais il y a autre chose : dans la nuit, un tueur sème la panique en tuant et mutilant ses victimes…

 

 

 

 

 

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