07/11/2022
On n'aurait jamais dû lui ouvrir la porte, de Romuald Olb
Une chronique de Cassiopée
Léon a dix-sept ans et dans ce roman, c’est lui qui s’exprime. Il est en terminale, vit avec ses parents dans une petite maison au bord de la Garonne. Sa mère, fille d’immigrés, très bosseuse, a une bonne situation. Son père, nettement moins courageux, a été porté à bout de bras par son épouse et s’en sort malgré tout. Ils remboursent leur crédit de façon régulière. Tout va donc pour le mieux dans le joli pavillon bien ensoleillé.
Mais…Il y a souvent un « mais » n’est-ce pas ? Un projet urbanistique écoresponsable et citoyen (porté par la nouvelle mairie écologiste de Bordeaux) voit le jour. Une tour de huit étages avec vue sur le fleuve ou pour les appartements moins bien lotis sur un boulevard et la voie de chemin de fer, voire sur l’habitation de la famille de Léon… Bien sûr, un collectif de propriétaires, dont Armand, le père de Léon, s’est échiné à faire annuler le permis de construire mais tout était dans les clous, donc rien à espérer…. Déprime pour Armand, incapable de penser à quoi que ce soit d’autre, le soleil moins présent parce que caché par l’immeuble, tout ça ce n’est pas bon pour le moral …. Et quand on commence à s’enfoncer…. Il devient moins performant au boulot et risque un licenciement….
Léon, lui, observe, presque jusqu’à épier, les quelques personnes qui s’installent dans la tour. Un couple, en particulier, l’intrigue…. Oui, ce n’est pas une bonne idée d’espionner les gens surtout quand on doit passer le bac et essayer d’avoir une mention, on perd du temps derrière les carreaux. Mais Léon est un adolescent curieux. D’ailleurs, le lecteur s’en rend vite compte. Ses observations sont minutieuses, réfléchies, il analyse ce qu’il entend, ce qu’il voit, établissant un parallèle avec ce qu’il sait déjà ou extrapolant de temps à autre.
Le décor est planté. Quant au contexte familial, il est décrit avec minutie mais l’auteur a eu l’intelligence de ne pas tout révéler en une seule fois, ce qui évite tout effet de lourdeur. C’est au long des différents chapitres, petit à petit, que l’on comprend comment s’est construit le couple Armand / Malika, quelles sont leurs racines, leurs choix de vie, la place de chacun dans le foyer. Plus on avance plus on ressent le mal-être du père, incapable de relativiser la présence de l’édifice qui pourrit son quotidien.
Forcément, ça risque de rejaillir sur la vie de couple, d’autant plus qu’une voisine de ce bâtiment détesté se présente et demande de l’aide. Lui fermer la porte au nez ? Faire preuve d’un peu d’humanité ? A-t-elle vraiment des problèmes ? Il arrive qu’une décision, comme l’effet papillon, vous entraîne plus loin que vous le souhaitiez au départ.
Ce récit commence doucement, comme le journal intime d’un jeune adolescent regardant ses parents et son environnement. Puis au fil des pages, une tension s’installe, on la sent qui grandit en nous et entre les protagonistes. On se demande si ça va s’arrêter ou empirer. Romuald Olb a très bien construit son histoire, il sème le doute, nous inquiète, fait monter la pression. On réalise que la nouvelle construction a déstabilisé tous les liens familiaux et que l’équilibre a disparu.
L’écriture est plaisante, racée, il n’y a pas de fausse note. La couverture sobre, se suffit à elle-même. Il y a une belle approche psychologique des personnages. Leurs émotions sont retranscrites avec doigté.
Une belle découverte d’un nouvel auteur à suivre de près.
Éditions au Pluriel (7 Novembre 2022)
ISBN : 978-2492598074
150 pages
Quatrième de couverture
Léon a tout pour être heureux : des parents aimants et protecteurs, une belle maison au bord de la Garonne, un chien et une scolarité qui se passe bien dans l’un des meilleurs lycées de Bordeaux. Pourtant, le bonheur de Léon et de ses parents commence à se fissurer le jour où une tour de huit étages s’élève juste en face de leur maison.
16:04 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.