20/07/2011
Doux comme la mort, de Laurent Guillaume
Une chronique de Cassiopée
« N’espère aucune pitié…. »
Au bout de quelques lignes, je « savais ».
Ce livre était un livre de « mecs » (excusez-moi pour l’expression), non pas qu’il ne puisse pas être lu par des femmes (la preuve, j’en suis une); non, mais lu par des femmes conscientes qu’elles prennent le risque de rencontrer des événements pas toujours faciles à « encaisser », pour peu qu’elles se prennent d’affection pour les personnages.
Vénus et Mars, vous connaissez ? Les femmes ont besoin de parler, d’expliquer, qu’on leur développe les situations, de répéter, d’analyser etc… C’est aussi en ça que ce livre est un livre d’hommes. Pas un mot superflu, pas une digression, l’essentiel, uniquement ce qu’il est nécessaire de savoir pour comprendre (et pas forcément tout). Le tout dans une écriture que je qualifierai « d’écriture au cordeau », droite, nette, sans fioriture, dépouillée d’inutilités ….
Ajoutez à cela les milieux où se déroule l’intrigue : militaire, politique, mercenaire, biker etc… Plutôt masculin, tout cela, n’est ce pas ?
Et pourtant, même en étant une femme …. un livre qui vous prend « là » et que vous ne quittez plus …
Un prologue, un épilogue, quatre parties ; la France, le Mali, la Suisse, le passé, le présent. Quelques mots suffisent à vous situer dans le temps et l’espace, à sentir cette chaleur africaine ou cette humidité montagnarde, à visualiser la situation comme si vous y étiez, à avoir froid dans le dos, à ressentir la colère, la peur, la détermination des protagonistes …
L’écriture, au demeurant épurée, vous tient aux tripes. Ce n’est pas toujours très « moral », les personnages ont la fâcheuse tendance à faire justice eux-mêmes mais vous vous attachez à leurs pas. Il y a « quelque chose » au-delà de l’histoire sombre, une « humanité» qui se sent « sous » les lignes et pas forcément « entre », vous saisissez la différence ?
Une des phrases de ce roman m’a sauté aux yeux, comme si, à elle seule, elle pouvait en dire suffisamment pour qu’on comprenne de quoi il retourne.
« Il était tellement froid et maître de lui. Mais ce n’était qu’un calme de façade. Au fond de lui-elle sentait la chaleur-couvait un brasier ardent, une blessure secrète qui le rongeait… »
Voilà une phrase qui résume à la perfection ce qu’on ressent à la lecture. Oui, ce livre transmet du froid, de la maîtrise, de la « distance », les personnages agissent en ne laissant rien au hasard, sans s’appesantir, sans penser, croit-on, à la souffrance des uns ou des autres… Ils ne peuvent pas faire autrement, semblent-ils nous dire, c’est une question de survie, même s’ils ont fait de mauvais choix ayant entraîné leurs actes. Et malgré tout ça, on ne reste pas insensible ….
Le Messager, homme avare de mots, pesant ses actes, ne faisant, apparemment, pas de sentiments, froid, détaché face à la mort mais qui, au final, est un homme « vrai » dans le sens où il va au bout de ses choix, assumant parfaitement ce qu’il fait et ne redoutant pas de revenir sur le passé pour « brûler » ce qui doit être brûlé. Un homme qui a un sens de l’honneur, bien à lui, mais qu’on arrive à comprendre, à « accompagner » dans sa souffrance. Un homme qui se confie peu mais le jour où il choisit de le faire …. « Cela dura près de deux heures. Il n’avait jamais tant parlé de toute sa vie et ce fut comme une délivrance, son premier acte d’homme libre. »
Les personnages secondaires sont très présents, poursuivant des buts plus ou moins avouables, pas toujours « nets » dans leurs intentions mais déterminés. Une galerie importante mais des individus aux caractères bien trempés, suffisamment distincts les uns des autres.
C’est un de ces livres qui vous coupe le souffle, que vous laissez à regret. Pourtant la violence y est présente, le mensonge, les trahisons, les complots, les manipulations, ….. on ne peut même pas dire qu’il y a les bons, les méchants et que les gentils vont gagner …. Pas du tout, chaque personnage a une part d’ombre, une faille, une blessure secrète qui nous seront dévoilées si besoin. Un roman noir, dur, mais humain, si terriblement humain …
Cassiopée
Titre : Doux comme la mort
Auteur : Laurent Guillaume
Editeur : Manufacture de livres éditions (8 septembre 2011)
Collection : Policiers
Nombre de pages : 350
Laurent Guillaume 41 ans, passionné d'histoire antique et de romans noirs. Il vit actuellement au Mali où il exerce ses fonctions d'officier de police en tant que coopérant.
Quatrième de couverture :
Le Messager, ancien commando de marine, est un mercenaire utilisé par les services français.
Chargé d’assassiner un des leaders d’Al-Qaïda, au moment où il doit presser la queue de détente de son arme, il se rend compte qu’il a été trahi par ses commanditaires.
Julien Vittoz, est l’ancien ministre dela Défense. Sabrillante carrière a été compromise par l’échec de la libération d’un otage. Il s’est replié dans sa ville des Alpes.
Marc Andrieu est un spécialiste de l’anti terrorisme. Mais depuis la disparition de sa fille, il n’est plus qu’un individu à la dérive.
Julien Vittoz élabore un plan machiavélique pour assurer son retour. Son arme : le Messager, sa cible, Marc Andrieu. Mais on ne manipule pas sans risques des êtres pour lesquels la mort ne signifie plus grand chose. Sur la route sanglante du Messager, qui va le mener d’Afrique de l’Ouest àla France, on va croiser Estelle Jeannin, la femme flic amoureuse déçue, Gabriel Milan, le jeune officier au parcours exemplaire, Damien Deloncourt, le galeriste parisien, Ibrahim Bari, l’énigmatique militaire malien, Yohann Béranger, l’acteur de films X reconverti dans le Mad-Dog le biker à la machette, Ben Djibril, le Djihadiste salafiste
12:11 Publié dans 01. polars francophones | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |