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03/03/2013

Le complexe du prisme, de Fabrice Pichon

complexe_du_prisme.jpgUne chronique de Jacques.

Voici un polar que l’auteur a solidement inscrit dans sa région, la Franche-Comté, mais qui n’est pas pour autant un polar « régionaliste », même si cette expression n’a rien de péjoratif par ailleurs.

En effet, d’une part le thème central de son roman est universel et d’autre part l’histoire, si elle prend ses racines en Franche-Comté, va nous entrainer aussi en Provence, en donnant ainsi au récit une autre dimension.

Je dis « le thème », mais en fait il y en a deux, qui sont entrelacés. Le premier – le plus important – concerne le rapport que certains établissent avec leur enfance et le passé de leurs parents. Le deuxième, plus anecdotique, porte sur les sectes et leurs dérives, parfois terribles, en particulier quand il s’agit de leur emprise sur de tout jeunes enfants.

Fabrice Pichon a choisi comme héroïne de son histoire une femme, Marianne Bracq, en parfaite adéquation avec son époque. Cette femme, nous pourrions l’avoir croisée souvent dans notre vie de tous les jours. Femme divorcée, mère de deux jeunes enfants, professionnellement active, dynamique, impliquée dans son travail, elle est par ailleurs commissaire de police, et ma foi, ça tombe plutôt bien, puisque nous sommes dans un polar ! Venant de Bergerac, elle arrive à Besançon où elle est nommée chef de l’un des groupes du SRPJ. Et elle est aussitôt confrontée à un tueur en série qui semble exécuter sans raison des personnes n’ayant aucun lien apparent entre elles. Mais voilà que la jeune femme croit repérer des indices qui lui laissent penser qu’elle n’est pas étrangère à l’action du meurtrier ! Son enquête va l’amener à s’intéresser de près à de vieilles affaires, et la mettra sur la piste d’une secte, l’amenant dans des zones dangereuses dans lesquelles son propre passé ainsi que celui de sa famille va croiser le parcours du tueur.

 L’enquête est très habilement menée, pas seulement par l’enquêtrice, mais aussi (et surtout) par l’auteur, qui réussit à parsemer le roman de fausses pistes et à nous nous mener en bateau, quasiment jusqu’au bout. Un mystérieux pendentif en forme de prisme lié aux assassinats et dont elle possède aussi un exemplaire, des messages codés peu à peu décodés par l’équipe et qui amènent sur de nouvelles pistes, la vie privée, mais aussi familiale de la commissaire qui interfère avec son enquête, tous ces éléments sont quelques-uns des ingrédients qui font que ce livre, une fois commencé, ne se lâche pas facilement.

 L’écriture de Fabrice Pichon est aussi sobre qu’efficace, et bien que l’histoire soir relativement complexe, la construction de son polar est parfaitement agencée, alternant avec habileté les points de vue narratifs afin d’éviter une certaine monotonie de lecture. De plus, l’auteur a particulièrement réussi la fin de l’histoire, en s’éloignant des clichés convenus et des fins trop attendues, déjà lues cent fois, ici où là.

 Un petit mot pour terminer, sur cette maison d’édition que je ne connaissais pas. Les éditions du citron bleu, créées en 2009, nous proposent (dans un premier temps, écrivent-ils sur leur site), des histoires dont l’action se déroule en Franche-Comté, et un de leurs objectifs est d’aider de nouveaux auteurs de talents à émerger. Objectif atteint en ce qui concerne Fabrice Pichon, et je souhaite longue vie à cette jeune maison, qui a déjà huit auteurs à son catalogue.

  Jacques, (lectures et chroniques)

 Le complexe du prisme
Fabrice Pichon
Editions du citron bleu
263 pages ; 16 €

 Présentation de l’éditeur.

Besançon. Commissariat central de la Gare d'Eau.Arrivant de Bergerac, la commissaire Marianne Bracq n'a pas le temps de se familiariser avec sa nouvelle équipe : le corps éviscéré d'une clocharde est découvert le jour même. Un tueur rôde dans la ville. Une image, une seule, a déclenché un flot de haine....

« Après avoir enfilé les gants et les surchausses que lui tendait le planton au sommet des marches, elle dévala l'escalier et se mêla aux hommes en blanc. Les projecteurs sur pieds étaient en cours d'installation en arc de cercle autour de la scène, alors qu'un paravent de plastique opaque masquait les lieux. Ils s'allumèrent au moment où l'équipe franchissait le cordon de sécurité. La puissante lumière blanche éclaira deux corps inertes.  

- Mon Dieu ! lâcha Gonsalvès en se signant instinctivement.  

- Quelle horreur ! jugea Magnin.  

Assis adossé à la muraille du quai, un homme les mains jointes en coupe, tenait un coeur ensanglanté. Son regard vitreux semblait s'étendre au-delà, pour se perdre sur l'autre rivage... »