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07/10/2011

NON STOP, de Frédéric Mars (chronique 1)

nonstop.jpgUne chronique de Jacques.

C’est bien connu, les polars ou les thrillers les plus passionnants sont bien souvent ceux qui nous apprennent quelque chose dans des domaines où nous, lecteurs, ne sommes pas forcément des spécialistes. Frissons, réflexions, informations, sont  les trois mamelles des bons  polars,  romans noirs ou thrillers, mamelles qui nourrissent de leur lait crémeux les lecteurs avides de nouveauté que nous sommes. L’auteur de NON STOP, remplit parfaitement les trois particularités précités avec ce thriller/pavé de 650 pages, étonnant de précision et de savoir faire.

L’auteur, Frédéric Mars,  un  français plus américain que les américains,  a publié en 2010 chez Michel Lafon le sang du Christ.   NON STOP,  se place dans la mouvance de la série   24 heures chrono comme l’atteste l’encart placé sur le site officiel de l’auteur et comme le confirme la construction du livre, dans laquelle la chronologie tient une place centrale.

Chronologie que l’auteur instille avec un souci maniaque de la précision : un évènement ne se déroulera jamais autour de 13 h mais à 12 h 59 (p 156) !   Vous ne discernez pas l’importance de cette minute ? A vrai dire, moi non plus ! Mais tout de même, voici quelques hypothèses  hasardeuses qui peuvent justifier cette amusante précision à laquelle il manque tout de même les secondes :

 1) ça fait plus vrai et plus professionnel, du genre « avant l’heure c’est pas l’heure, après l’heure, c’est trop tard » ;

2) le lecteur est incité à penser que les enquêteurs, tout comme les terroristes, sont des gens précis, pour lesquels « time is money »;

3) l’auteur nous prouve ainsi que la moindre minute, dans ce suspense échevelé, a une importance vitale.   

Mais passons aux choses sérieuses. Quel est le thème principal de cette histoire ? Pour faire bref, le terrorisme antiaméricain onze ans après le 11 septembre et les mesures de prévention antiterroristes du USA PATRIOT Act signées par Bush.

Imaginez : l’histoire se déroule aux Etats-Unis, sur un laps de temps très bref : entre le 9 et le 11 septembre 2012. A cette époque, Obama est toujours président et il est un des protagonistes importants du roman, sous le nom de Stanley Cooper.(*)

Plusieurs explosions meurtrières ont lieu dans différents points du pays. Des hommes et  des femmes ont reçu une enveloppe contenant des instructions précises : leur corps contient une bombe redoutablement puissante et à partir d’une heure fixée par la lettre, ils ne doivent pas s’arrêter de marcher sous peine d’exploser. Très vite, le nombre de « marcheurs » croît d’une manière exponentielle, semant la panique et désorganisant la vie du pays. Une femme, Liz Geary, appartenant au Department of Homeland Security (DHS) est chargée de coordonner l’action contre ce groupe terroriste. De son côté, Sam Pollack, flic Newyorkais, veuf et père d’une fille de 17 ans, assiste à la première explosion, et rapidement Liz le prend dans son équipe comme adjoint…  

La construction de l’histoire est à la fois complexe et efficace. Complexe car l’auteur parvient à intégrer un nombre de paramètres impressionnants dans le déroulement des évènements. Efficace, car il créé avec habileté des personnages attachants et crédibles. Liz, Sam et sa fille, Francis Benton ( un responsable du FBI ennemi juré de Sam), le président Cooper et quelques autres personnages secondaires sont décrits avec suffisamment de précisions et de véracité pour que leur histoire personnelle, peu à peu, nous accroche vraiment.

Nous sommes promenés, presque ballottés, entre les marcheurs hallucinés qui attendent l’explosion fatale, l’équipe du DHS qui tente de comprendre qui est à l’origine de ce drame, et l’équipe de la Maison Blanche avec à sa tête un Stanley Cooper qui craint pour sa réélection, fort mal engagée.

La géopolitique est incontestablement un des éléments les plus intéressants du roman. Frédéric Mars s’est en effet remarquablement documenté sur les différentes mouvances du terrorisme, que ce soit en Iran, dans les pays occidentaux  ou au Proche Orient. Et il s’est également renseigné sur les  liens qui existent entre ces mouvements terroristes et les intérêts économiques à long terme des grandes puissances. La recherche par l’équipe du DHS de l’origine des attentats est  menée comme une véritable enquête policière, avec ses suspects, ses fausses pistes, et finalement le coupable qui n’apparaitra qu’à la fin de l’histoire. 

Tout a été prévu pour que le livre soit adapté à l’écran, et il ne fait aucun doute qu’il le sera, tellement l’histoire est forte et bien menée. Outre la description précise et très visuelle des lieux et des différents protagonistes, les séquences sont conçues comme un découpage cinématographique très contemporain, avec une alternance rapide nous montrant dans leur simultanéité des évènements  géographiquement éloignés. Le sommet est atteint quand, sur la même page, nous lisons deux récits en parallèle, écrits sur deux colonnes, ce qui ne peut que nous faire penser à un écran coupé en deux nous dévoilant deux histoires simultanées.

A mesure que le récit avance, le suspense s’accélère, chaque chapitre (évidemment très courts) comporte son lot de surprises pour le lecteur et d’angoisses pour les protagonistes, en particulier  pour Sam et sa fille, celle-ci étant, pour une raison dont je ne dirais mot –suspense oblige–  au cœur du dispositif.

Les dernières pages sont particulièrement haletantes et surprenantes. Bien sûr, il y a de fortes chances pour que certains détails vous semblent peu crédibles, mais après tout quelle importance ? L’ensemble du roman va vous projeter dans un autre univers, celui de certaines séries télé américaines, avec leurs lots de personnages bien campés, de récits fortement charpentés, de dialogues précis et surtout leurs scénarios en béton armé ! Autrement dit : ce n’est pas de la grande littérature, mais un remarquable travail d’artisan, rarement atteint dans le thriller français. De quoi passer quelques heures de lecture très agréables !

(*) Pour l’anecdote : selon l’auteur Nicolas Sarkozy a été battu aux élections de mai 2012 et remplacé par un certain Delande. Toute ressemblance… etc

Jacques

Une autre chronique sur ce roman.

Un entretien de "un polar collectif" avec Frédéric Mars.

NON STOP
Frédéric Mars
Poche: 658 pages
Editeur : HACHETTE LITTERATURE (3 novembre 2011)
C
ollection : Black Moon

 Présentation de l'éditeur

9 septembre 2012, Manhattan. Un homme ordinaire reçoit une enveloppe anonyme et se met à marcher en direction du métro. À peine s’est-il arrêté sur le quai de la station qu’il explose, semant la mort autour de lui. Très vite, les mises en marche et explosions de ce genre se multiplient à une allure folle. Sam Pollack et Liz Mc Geary, les deux agents chargés de l’enquête, doivent admettre qu’ils sont confrontés à une attaque terroriste d’une envergure inouïe. Une attaque non revendiquée et d’autant plus difficile à contrer qu’elle transforme des innocents en bombes humaines, faisant d’eux les agents de ce scénario apocalyptique. Tous se sont vu implanter un pacemaker piégé dans les deux dernières années. Tous reçoivent ces fameuses enveloppes kraft et se mettent à marcher. S'ils s’arrêtent, la charge explosive se déclenche, où qu’ils soient. Quels que soient leur âge et leur couleur de peau. Grace, la propre fille de Sam Pollack, est concernée. Concerné aussi, un certain Stanley Cooper, président sortant des États-Unis, qui a caché à l'électorat son insuffisance cardiaque pour accéder au pouvoir… La cavale sans fin de ceux qu'on appelle les Death Walkers, les marcheurs de la mort, ne fait que commencer.